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Salomé (Wilfried)
Informations à propos de Wilfried Salomé sur :
http://lamatierenoire.net/nos-auteurs/wilfried-salome/
***Le désespoir, c'est là d'où nous repartons***
(…) Sachez le, je pourrais très bien vous mentir, les enfants. Fuir les opinions trop tranchées, les prises de positions claires. Pour m'éviter un tas d'ennuis. Me ménager une place au soleil. Ou dans le milieu littéraire. Seulement, seulement je n'ai pas que ça a foutre de piquer votre pognon, passer à la télé, ou courir après la notoriété. Chaque seconde, le néant gagne insidieusement du terrain en vous. Alors faites en sorte de ne jamais faire partie de l'innommable cohorte des adultes, ces pauvres sinistrés du coeur. Tracez sans plus attendre une ligne de démarcation nette entre eux et vous. Ne les laissez pas entrer, ne leur laissez pas le moindre espace psychique. Dépoitraillez-vous, laissez un faisceau de conscience pure vous transcender depuis ce qui fut votre fontanelle. Reconnectez-vous au réel.
Avant qu'il ne vous explose à la gueule pour de bon.
Prenez le risque de l'ouverture totale à l'inédit psychique. Affranchissez vous d'un système de pensée, osez la confrontation avec le cosmos, le mystère, vous-mêmes, et la liberté. Aimez votre vie. C'est à dire : désobéissez. C'est à dire : ne vous insérez pas dans le système, ne jouez pas avec lui et, surtout, ne vous battez pas contre lui.
Ou ne comptez pas sur moi pour vous plaindre.
Par pitié, si vous n'aimez pas la Vie, bouclez là. Vous insultez la beauté du silence. Si vous avez déjà renoncé à changer la donne, si cela vous semble impossible, si votre unique but dans l'existence est d'obtenir un diplôme, de vous marier, de baiser du mannequin russe ou de la porn-star, puis de faire à votre tour des enfants, d'avoir une belle maison avec piscine, de la tune, de faire du jet-ski, si vous aussi vous êtes déjà vieux, écartez vous de mon soleil, de mon amour. Laissez moi seul, fuyez ma lucidité.
Retournez à votre destin prémâché, à vos petites affaires, à vos études. Continuez a voler des cross, a vendre des biens immobiliers, à mépriser les filles, à vendre du shit, et à être surs de vous. En petite chemise Lacoste façon printemps-français-manif-pour-tous-scout-toujours, en costard-cravate façon Faubourg Saint-honoré ou en survet-street-wear façon caillera, vous êtes les mêmes. Fans de Booba, Jul, Carla Bruni ou Benabar, tous pris au piège. Cartier Nord de Marseille, 9.3 ou du seizième, ils vous ont déjà baisé. Vous êtes les meilleurs agents de l'oppression, un modèle perfectionné. Lavage de cerveau parfait. Pro-système, anti-système, sado et maso sont sur le même bateau. Vous avez choisi un camp, bravo. Votre vie future n'est plus qu'une suite de formalités administratives, jusqu'au tombeau.
Alors acceptez le désespoir. Car le désespoir, c'est vous.
Vous debout à l'arrêt de bus ou sur le quai du métro. C'est ton sourire en selfie sur une plage du sud, mi-juillet, devant un cocktail fruité. Voyou professeur ou ingénieur, le désespoir, c'est accepter la hiérarchie, de dominer ou d'être dominé. C'est le pouvoir, ou désigner un coupable.
Vous êtes votre propre ennemi, voilà le vrai problème. Vous n'avez plus envie de vivre, ni d'aimer, ni de lutter. Voilà le dédoublement de la personnalité, la bi-polarité, l'apitoiement l'atermoiement. Alors bon sang n'attendez pas la moindre permission, un prophète, ou que le feu passe au vert pour traverser. Passez sur l'autre rive sans perdre une seconde. Voyez vous, seul l'amour existe. Et, que vous le vouliez ou non, vous en êtes bien loin, de l'existence. La ou vous êtes, il n'y a plus rien. Plus la moindre humanité, plus le moindre ressenti.
Ce qu'il reste ?
Une lente putréfaction, une dégradation progressive du corps et de la pensée, une dissolution de la conscience cosmique de l'enfance dans le carcan psychique liberticide de l'âge adulte. Croyez moi. Vous êtes plus proche du cancer, de la maladie auto-immune et de la fibromyalgie que de la réussite-, ou de la retraite. Les codes que vous respectez n'ont plus court. Le vaisseau spatial mental millénariste a décollé, et vous êtes resté cloué au sol. Le tsunami interne approche. L'explosion anatomique guette.
Mais allez, allez, c'est pas tout ça.
Je vous laisse.
C'est un rêve, que j'ai à réaliser, moi.
Pas un cauchemar.
Wilfried Salomé
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