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Langlois (José)

La petite Fée

La petite Fée

Une paire d'ailes en forme d'accents circonflexes
Surplombe les épaules de ma mie;
Les barbes effrangées, majestueuses et connexes,
Caressent, de leur blanche anatomie,
Les flancs de marbre et les attributs convexes
De ma très belle, douce et tendre amie
Dont les rondeurs, fermes, avides et complexes,
Dessinent leur silhouette dans l'organdi
Et laissent joliment poindre en mon âme perplexe
La certitude du Paradis.

Au terme de ces célestes plumes -
Oriflammes de la divinité
Dont les hommes, pauvres fous d'amertume,
Se disputent l'immatérialité -
Se détachent la pureté nocturne
De deux sombres extrémités.
L'une pointe le ciel, désigne Saturne;
L'autre montre l'orbe enflammé.

Ainsi commence le portrait De l'adorable petite Fée.

Son visage est le délicieux fondement
Qui sous-tend la voie lactée.
Son front précieux est tel le firmament;
Sa beauté éclipse celle des nuées.
Diluées dans l'éther flasque des univers,
Deux galaxies - tâches de rousseur -
Éparpillent ces sortes de systèmes solaires
Dont chaque étoile semble un coeur.
Reste le regard, moqueur, vif, ardent,
Assurément doux aussi, et enveloppant;
Deux gemmes d'espoir bordées de blanc
Que des trous noirs, obstinément,

Dévorent et crachent en même temps.

Frustrés de ne pouvoir avaler
Ces parements royaux de majesté,
Ils se consument inlassablement
Dans un ciboire brodé d'argent.
Puis l'oeil pétille d'un amour radieux,
De la pupille perle un sentiment;
Et la splendeur de ce linéament,
Substitue, à l'enfer d'être né, Dieu!

Ainsi s'ébauche le portrait
De l'admirable petite Fée.

Des cristaux, semblables à des papillons noirs,
Indicibles, moirés, changeants et malicieux;
Essaims d'atomes aléatoires qui, dans le soir
Nébuleux, explorent la nuque du généreux
Despote qui me prend. Soudain, mille explosions.
Sa colonne vertébrale, devenu volcan,
Tempête, fulmine, procréant. Sublime ascension,
Irradiant l'albumine et le vif-argent.

Tandis que se transfusent l'audacieuse cohorte -
Vers moi qui ne suis pourtant qu'un odieux cloporte -
Son corps flamboient, disperse et exporte

La magnificence de sa condition.

Métamorphosé, je renais ici.
Et pour la première fois,
Je vois
Que je vis!

Ainsi s'achève le portrait
De l'incroyable petite Fée.

Non, j'avance encore une précision.

La petite Fée s'est incarnée.
Sur cette terre, elle m'a trouvé.
Aussi incroyable que cela fut,
Je l'ai tout de suite reconnue.
Je ne dévoilerai pas son nom,
Ce serait preuve d'indiscrétion,
Mais lorsqu'il croise la noblesse
Il la surpasse en finesse.

Ainsi, le portrait s'achève
De la femme de mes rêves...

José Langlois


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