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Ramain (Thomas)

Conscience

Conscience :

« Silence, ne parle plus, je crois que les mots s’agglutinent en trop grands nombre, trop rapidement, dans ta gorge, qu’ils veulent tous sortir, d’un coup, dans un espèce de brouhaha insolent. J’ai la lourde sensation que tous ces mots-là, risquent de sortir pour créer des désaccords. C’est ce que tu veux ? Parler, laisser toutes ces syllabes se dessiner ailleurs que dans ton cerveaux, et voir se désagréger ton monde ? Pense à ta bonne humeur, pense y... et laisse tes lèvres closes, tes paupières cacher tes rétines, et ton téléphone portable éteint. Il est beau le monde tu sais ? Encore faut-il se décider à le regarder avec d’autres yeux que de ceux-là, qui regardent la mort et la solitude comme une délivrance du genre humain. Silence, ne parle plus, je crois que tu n’as pas assez réfléchi. Comme d’habitude, comme toujours. Les neurones se grillent dans l’espèce de danse lancinante des sentiments déroutants. J’ai peur de ce genre de valses moi, je ne sais les contrôler, ni les danser. Tu vois, ça fait des années qu’on regarde nos chaussures, et que l’on se dit qu’il est temps d’y aller, de foncer. Des années, que je te dis de la prendre dans tes bras, de l’embrasser, et toutes ces choses niaises que font les gens qui s’aiment. Alors tu l’invites ou pas ? Qu’est-ce que tu pourrais bien lui dire de toute manière ? « Euh... Bonsoir ! Est-ce que... ça te dirais d’aller boire un verre ? » Trop classique. « Et si...nous sortions faire un tour ? » Trop mièvre. Qu’est-ce que tu pourrais bien lui dire alors ? On est conscient de rien tant que nos têtes ne se sont pas explosées par le souffle froid et envoûtant des chutes libres. C’est ça qu’il te faut ! Une belle chute, quelque chose de bien fort, avec un sol bien dur, afin que ton visage s’accroche au bitume, comme un dernier espoir d’élévation. J’aime bien te parler, te remettre les idées en place, ce n’est pas toujours beau, ni poétique, mais au moins tu saisis les métaphores ! C’est marrant aussi, de sentir la tête que tu feras, à chacune de mes pensées diverses, qu’elle soit rose, sombre ou bien plus... enfin tu me comprends. C’est drôle de te sentir ainsi, là comme ça, tout transpirant, on dirait un enfant, un enfant qui aurait peur du vide ! Mais qui aurait pourtant envie de regarder derrière la palissade, voir comme est fait le monde. Alors... t’es-tu décidé ? Vas-tu l’inviter à marcher, tout en gardant le silence, et en te maudissant à chaque secondes de ne savoir parler à une fille... où vas-tu abandonner ? Puisque tu sais que ses pas ne l’emmène pas aussi près des tiens... Où est-ce que tu laisseras enfin parler ton cœur, encore, sans réfléchir, sans calculer les probabilités de sentir ta consistance se dissoudre dans ta timidité... J’aimerais tant que tu te décides enfin. Tu te sentiras mieux après, tu verras. Il ne te manque qu’une chute libre.

Alors... Tu l’invites ou pas ? »


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