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Gourvennec (Jacques)

Vaguement toi

(texte écrit sur la musique de « la mémoire et la mer » de Léo Ferré)

Tu es la mer quand elle pousse.
La brume au clair un ciel tout bleu.
Du vert au blanc plié de mousses.
Un champ d’étoiles plein les yeux.
Tu es la mer quand ça va plus.
Qu’à l’amertume tu t’abonnes.
Quand plus personne n’aime plus.
Qu'un souvenir te déraisonne.

A ton visage configurant.
Son âme triste d’orpheline.
Loin des rivages au firmament.
Une Alpe blanche d’opaline.

Quand l’aube grise est au jusant.
Et que la mer dans ses respires.
Emporte avec elle d'autres yeux.

Dans sa rumeur au dernier chant.
Sa brume dense en barricade.
Son souffle lent roulé d’un vent.
Un sang d’écume d’où se farde.
« Un jour au levant peu à peu »

Sur cette vague à peau blanchie.
A la limite des écumes.
Comme une source mouillée des pluies.

Au bleu du ciel qui se consume.
Qui abuse du temps.
Qui abuse la mer.
Quand le temps ne sait plus…

Celle qui vient le soir touchant.
Aux confins sourds noyés de vide.
Et qui s'en va des airs lassants.
Une ombre froide tracée de rides.

Celle qui vient des feux d'hiver.
Au gré du vent soufflé d'usure.
Un chemin creux battu de sangs.
A son pas lent sur la blessure.

De vague en vague qui se repousse.
En vagues vertes de mémoire.
Dans ses goémons, roulants, traînants.

De sable en sable couvert du soir.
En brasses lentes des courants.
A vague lente, d'où s'attarde.
Derrière un rêve... tant d’inconnus.

A ce visage au dernier vent.
Quand dame Blême se maquille.
Dans tes cahiers jaunis de blancs.
Qu'un rêve immense s'éparpille.
Là où les cœurs ne sont plus.

Vaguement triste.
Vaguement froid.
Comme la mer au loin s'étire.

Comme le roc.
Vaguement toi.
Sombre à la nuit qu'un ciel retire.
Et qu'il ne reste que la mer.


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