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Gourvennec (Jacques)

La langue de statue

La langue de statue

Le poésie, ou l’art couillon à formuler du désespoir... Un énoncé du pire…
Le théorème d’une langue, non officielle, dressé comme un listing du malheur et de la rime… Et qui se prévaudrait académique !
... Du verbe... Rien que du verbe, à mesurer du triste…
L’ampleur de faux dégâts, enrobés d’écriture, une belle enveloppe… Et ce n’est pas peu dire !
Avec la joie de recevoir et ton plaisir d’offrir…
Ce cri que t’exagères, élaborant la larme …
Cette manufacture du mal
Cette jurisprudence à la criticature*
Ces manquements de tout, doué de suffisance, cette maladie louche…
Cette plaie sans blessure, qui sans cesse s’allonge et qui jamais ne s'ouvre.
La charité du mal, au brillant dans la tête, qui donne bonne mine, jusqu’au bout d’un crayon…
La phrase entre les dents, comme un oiseau blessé, qui ferait les yeux doux
Ce chien d’un chien d’aveugle
Cette aube d’infini, cette essentielle brume, cet hiver qui meugle
Ces souvenirs poisseux d’une bouche encombrée, de formules d’aimer
Cette étoile qui dure, au craquant sous ton pas, brillante nuit et jour
Un soleil pour témoin qui bave des serrures, aux larmes d’outre-nuit.
Les yeux mouillés de cendre, aux yeux fermés de l’autre.
Les mains comme un refuge, jusqu’au bout de l’ennui
Ces mains, plus loin que toi, à bout d’une rencontre
Aux parfums que l’on porte où l’odeur s’emmêle, comme une fleur traînée...
Le cœur comme une borne, faite d'os et de chairs... Et d’airain... Et de temps …
Les mots lavés de rien, d'exsudant de tendresse où suintent des regrets.

Une langue muette… Enfin !
Un soupçon de ta lèvre, bavarde dans la tête
Un chant de contorsion, qui donne sa parole au mur que l’on dresse.
Aux envolées fictives... Au blues en équilibre.

Des passages d’oiseau
Son air d’altitude à la mine d'azur
L'organe ventriloque où des gorges figurent
Du gris à pleines dents comme du pain béni !

Cette ombre qui fut "Je", au sombre qui fut" Moi" !
Hué des litanies aux sueurs des anges
Aux haleines du cœur

Aux bouches crucifiées à l’endroit qui me crie
Un soleil verrouillé au tiroir de mes yeux
Mes traversées de ciel, d'impossibles chemins
La phrase dérisoire

De tant de temps passé, qui sait déjà le temps que durera l’aurore ?
De tant de mal écrit, qu’au mal se maquille… Qui sait déjà demain ?
De ce temps-là, et qui attend, dans l’ère des comètes
Qui sait déjà la nuit halée pour un sommeil ?
« Qui se sait d’une étoile ? »
Qui d’autres, à tous ces cris, reviendront pour me voir
Qui leur dira que tout était écrit et que tu m'aimais bien
Quand tout sera fini
Qui saura que de l'Être
Il n’en restera rien ? ...
Rien qu’une langue de statue !

*criticature : Mot inventé par Léo Ferré


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