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Gourvennec (Jacques)

suite
Peut-on parler de tout avec la poésie ?
par Jacques Gourvennec


"Peut-on parler de tout avec la poésie ? Sans aucun doute ! Chacun de nous a remarqué qu’en poésie le plus souvent, on parle de la vie. Et surtout de la vie ! La vie en générale voulais-je dire, avec tous ses couics et ses couacs, ses bonnes et ses fausses notes. On sait aussi parler des fleurs, de ce qui papillonne ou bien gazouille, tout comme il est d’usage d’aller chercher la rime pour...toutes nos maladies, pour la souffrance de l’un, ou la douleur de l’autre, quelle soit physique ou bien morale. En poésie on sait tout faire, ou plutôt non, on sait tout dire... Enfin presque tout ! Trouver la rime et compter les syllabes, n’est pas si difficile. Il suffit comme on dit, d’y mettre un peu de cœur, avec dans la tête un minimum de musique. D’ailleurs Léo Ferré disait « La poésie, c’est de la musique ». Et il avait raison Ferré, le grand Léo. La poésie de la musique, « Absolument », de la musique à rendre belle, même la mort ; une musique d’avant la mort, et puis une autre encore, celle d’après la mort. « C’est beau la poésie, n’est-ce pas ! ». Je dis « c’est beau » parce que grâce à ELLE, on peut tout dire et tout écrire. On peut, rendre joli par l’écriture, ce qui parfois ne l’était pas avant. Je sais, et nous le savons tous, tout est question d’état d’esprit ; Une question d’aimer aussi, et de vouloir. De vouloir bien faire, de vouloir mieux faire, de voir la vie tout autrement, d’y mettre des images, d’autres images et qui remplacent celles que l’on voit dans ce monde réel. En fait, la poésie Anamorphose par tous ses mots, ses métaphores et ses comparaisons, chaque chose de l’imaginaire ou du réel présente dans notre tête et dans la vie. Parfois il faut le dire, à rendre beau aux yeux des uns, ce qui est laid aux yeux des autres, n’est pas toujours la tâche la plus commode, à formuler. Pour exemple, si j’écris ; » Comme un loup va bêlant moutonner d’écriture », n’est pas pour tout lecteur, si facile à comprendre.

La poésie, n’est pas d’imaginer ou bien de se prétendre visionnaire, talentueux et avisé, mais de l’écrire comme on aime, comme on est, sans la morale des autres. Il faut l’écrire comme-ci on voulait vivre une autre vie, toutes voiles dehors, loin des pensées rangées par ordre ou sur ordre, alors que toute idée contraire est matière à détruire, l’envie de se connaître soi, l’envie de « se savoir ». Il ne faut pas jouer à s'éloigner de soi, de cette réalité de nous, celle qu'on a depuis longtemps rangée au fond de nos tiroirs... Elle ne s’écrit pas non plus pour être lue par complaisance, comme on boirait du mauvais vin, avec une belle étiquette, à tout miser sur l'esthétique, ou l’emphase ou le style. La poésie, retorse ou malhabile, doit être absente de statuts, de règles, ou de codes de loi. La poésie ; elle se distingue, loin des mots distingués, elle ne s’écrit pas dissimulée derrière la rime, avec des mots choisis, pas plus qu’avec un dictionnaire. Chez elle, il y a ni morale, ni laideur, ni génie, il y a juste un écrivant, et s’en fout pas mal de se savoir faisant partie de mille autres félibres, que l’on ne le lira pas. Ecrire la poésie, c’est d’abord le silence, un frôlement léger, c’est un peu comme une ombre, et qui est là, juste à coté de vous. C’est une ombre de vous, c’est une ombre qui rôde, qui vous regarde et vous surveille. Une ombre qui s’en va parfois, mais qui revient toujours. Cette ombre là, elle est unique et c’est la votre, et qui que vous soyez, elle vous aime, elle vous touche…

En ce moment, où vous lisez, elle repose en vous. Vous ne le savez pas, mais elle, de votre vie, elle se souvient de tout ; elle a le geste vaporeux, de ce qui vit, en vous, dans votre tête "Seulement dans la tête". Cette ombre là, personne ne la voit, elle est comme dans vos mains, des mains pleines de nuits… Juste de quoi vous retenir, de vous garder de cette idée, d'un impossible « Je », d’un impensable "Vous", avec les magnificences des idéogrammes…

Ecoutez-là cette ombre, elle vous parle ! Elle est pourtant bien là, juste là dans la tête, elle s’en souvient encore de tout de ce que hier, elle pensait de vous, de ce quelle vous disait, alors que vous, vous ne n’entendiez pas. Entendez là vous dire « J’avais, je m’en souviens, juste toi d'incroyable, de mots simples et d’errance au centre d'une fièvre, que tu ne savais pas. Du rêve dessiné, depuis des millénaires, la mer sans la mer, l'absence confinée dans le tendre des choses. J'aurais aimé pour toi tellement te l’écrire ; Tant ce mal de mer, cette barque orpheline dérive de toi, fait de phrases et de mots. Ce feu mouillé d'un autre, cette brûlure au rêve, ce temps de l'imparfait, poursuivant son fantôme, sans formules d'aimer. J’étais pourtant bien là, tellement si présente, juste une ombre de toi, avec ce chant d’un autre, ce chant de tes "je t'aime", que tu n‘entendais pas, ce chant de toi sans toi… "Sans nous. Avec… Ta faculté d’écrire, après les points-virgules ; Le diable et la tendresse, ce vin de tes baisers, ces larmes que l’on traine, tant ruisselantes encore, au-delà d’autres voix. Tant ce « nous » qui fit toi, qui n'aura su le dire et pire, rien écrire; Cette douleur des pierres, l'espérance dressée enténébrée de gris… Le sculpte d’un chagrin, ses larmes que l’on sème, ce sang d’encre vers l’autre ; Quand le vers a bien bu, ses dernières folies.

Tant d’instants que déjà, au manoir de l’âme, s’entende seulement, l’ombre d’un seul murmure, et tout ce qui ne se dit pas."
Jacques Gourvennec


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