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Agera (John Nash F.)
John F. Agera
propos
... il n'y a aucunes preuves à donner à quiconque de quoi que ce soit. Nous sommes là l'espace d'un instant entre le moment d'avant notre naissance et le moment qui suivra notre disparition, et ce moment là ne sera pas envahi d'un point de vue à arracher aux autres. Les mots se reçoivent en silence, les idées qu'ils véhiculent travaillent dans notre temps, différent de celui des autres, voilà ce que je crois et je ne cherche à convaincre personne, les choses sont ou ne sont pas, c'est tout. La poésie est l'arrogance suprême, la hiérarchie suprême, le point ultime de tout. Je n'ai de preuve à rendre à quiconque de vivant mais à quelques tombeaux où demeurent des parents que je n'ai pu connaître, axe de respiration qui permet l'imagination du demain.
La réussite est une notion toute relative liée à une culture, à une éducation, à une vision politique. Etre soi-même surpasse tout. Avoir le courage de soi-même n'a pas de prix. Le silence laisse résonner l'accessoire. L'essentiel vibre dans le silence. Recherchons le silence, nous sommes beaucoup trop bruyants à nous-mêmes.
La poésie n'est pas un métier mais le fil du temps noué à notre âme peut-être, parfois à notre conscience.
Refuser d'être anonyme pour soi-même constitue la première étape de la transformation. Il me semble que la philosophie des pouvoirs voudrait rendre l'humanité anonyme à elle-même, uniformisée dans un néant intérieur camouflé par des espaces de liberté inoffensifs dans lesquels rien ne se produira qui pourrait porter atteinte à la mécanique en place, à laquelle nous sommes tous enchaînés par les chaînes invisibles des hiérarchies comportementales.
Lutter sans victoire est encore quelque chose. Dès que la lutte devient inquiétante, l'écrasement total est organisé. C'est l'histoire, un peu, du monde.
John F. Agera
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