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Aerosol (Jef)
Jef Aerosol par Jef Aerosol, biographie
" Eh oui, je n'ai jamais réussi à choisir ! Alors j'essaie de tout faire :
3 métiers : musique, peinture, enseignement...
une vie privée (une femme, deux enfants) ...
Hyper-actif ? oui !
Mais tout se tient : j'arrête un truc et je déprime...
Et puis, c'est un luxe de pouvoir mener plusieurs vies !
Non, vraiment, je ne veux me débarrasser d'aucune casquette !
Je suis né en janvier 1957 à Nantes, où j'ai vécu jusqu'à l'âge de 25 ans,
exception faite d'une année passée en Irlande (1978/79).
En 1982, je deviens enseignant (anglais) et suis envoyé comme stagiaire dans
l'académie d'Orléans-Tours.
J'habite un an à Tours (où je fais mes premier pochoirs en 82), puis un an à
Bourges.
Je suis ensuite nommé dans le Nord où je vis et travaille depuis 1984.
Les premiers pochoirs ayant capté mon attention sont probablement ceux dont Joe
Strummer, leader du groupe punk THE CLASH, décore ses chemises en 1977. Il
s'agit essentiellement de lettrages, mais l'effet est nouveau et très efficace
!
Les CLASH maculent aussi leurs chemises de peinture : j'aime ces "drippings" à
la Jackson Pollock.
En outre, je garde un souvenir impérissable d'un concert parisien des CLASH
auquel j'assiste et pendant lequel un type bombe en direct une immense toile de
fond de scène : c'est le graffiteur américain FUTURA 2000. Mon attirance pour la
bombe aérosol va croissante !
Une autre image fixée dans ma mémoire, c'est ce petit pochoir anti-nucléaire vu
dans les rues de Nantes et d'autres villes bretonnes, début 1980, lors des
mouvements contre l'implantation d'une centrale à Plogoff (Finistère).
Autre souvenir marquant datant des années 70 : cet affichage sauvage, dans les
rues de Nantes, de sérigraphies signées CLIC CLAC. Il s'agit de dessins et
graphismes plutôt surréalistes assortis de textes poétiques elliptiques assez
"oulipiens".
Je suis très séduit par cette façon d'investir l'espace urbain en utilisant un
médium "classique" (l'affiche) mais qui, cette fois-ci, ne "vend" rien.
Je n'ai hélas aucune trace photographique de ces oeuvres éphémères (et serais
ravi si, grâce à ce site, je pouvais élucider l'énigme CLIC CLAC, retrouver de
qui il s'agissait ou dénicher des photos...)
Je commence à travailler sur le principe du pochoir en 79/80, à Nantes, à partir
de photos d'identité et de dessins personnels ainsi que d'images et photos de
magazines et pochettes de disques. Depuis longtemps déjà le travail de
séparation des blancs et des noirs, de l'ombre et de la lumière, du positif et
du négatif m'intéresse. Je me livre alors souvent à la transformation de photos
de magazines en ce que j'ai l'habitude de nommer "photo-graphismes". Il s'agit
soit de dessins ou peintures, soit de découpages / collages. Ces derniers
annoncent singulièrement les pochoirs que je confectionnerai quelques années
plus tard !
Mon goût pour les "photo-graphismes" remonte à mon adolescence, mes
"années-collège" (1968 - 1972) et mes "années-lycée" (1972 - 75), nourries
d'imagerie pop, de culture et de contre-culture rock, de musique et de
littérature anglo-saxonnes, de fantasmes californiens et de rêves
psychédéliques, de BD alternative et de "comix" US, de Pop Art et d'Op Art, de
pochettes de disques sacralisées et de rock-stars déifiées...
Je me repais alors de tout ce que Londres, San Francisco et New-York peuvent
fournir pour nourrir ma rébellion adolescente et ma soif d'un ailleurs
inaccessible... Combien sommes-nous à épingler les même photos sur les murs de
nos chambres de teenagers ? A lui seul, le mot "poster", qui fait alors son
apparition dans la langue française, nous fait déjà voyager !
Les icones qui nous hypnotisent vont de l'incontournable photo de CHE GUEVARA à
cette solarisation fluo acidulée d'une black, un peu sosie d'Angela Davis,
assise en tailleur et tirant sur un énorme shilom. Il y a aussi les photos
psychédéliques des Beatles par Richard Avedon, la pochette du premier VELVET
UNDERGROUND (la fameuse banane de WARHOL), la version française de l'Electric
Ladyland d'HENDRIX par DRUILLET, la langue des ROLLING STONES, la BD culte de
GUY PELLAERT "Pravda la Survireuse" et les affiches psychédéliques
californiennes signées RICK GRIFFIN...
Et puis (je ferme les yeux et je revois les murs de ma chambre de lycéen), il y
a FORCÉMENT les indispensables images de DYLAN !
Ah ! La période DON'T LOOK BACK ! La veste en cuir, les Chelsea boots, les tight
jeans, les RayBans, la chemise à col anglais, le porte-harmonica, cette tignasse
impossible et ...... cette morgue, cette ATTITUDE ! Je crois que je ressens
aujourd'hui le même étrange frisson en noyant mon regard dans les pochette de
BRINGING IT ALL BACK HOME ou HIGHWAY 61 REVISITED qu'à l'époque où je les ai
découvertes, quelque part autour de 1969. J'avais 12 ans...
(Je conserve précieusement ce poster de Dylan rapporté de mon premier voyage en
Angleterre en 1971.)
Ces images continuent de jouxter, dans mon "expo idéale" mentale, celles de
Warhol, Miro, Pignon-Ernest, Lichtenstein, Hopper, Tapies, Picasso, Jasper
Johns, Motherwell, Pollock, Beuys, Bacon, Dubuffet, Munch, Klimt, Klein, Erro
et tant d'autres...
Ainsi, mon musée imaginaire se remplit d'année en année, de disque en disque,
d'affiche en affiche, de nouveau numéro de ROCK'N'FOLK en nouvel exemplaire de
BEST, sans oublier EXTRA, ACTUEL (première formule !), PILOTE, CHARLIE HEBDO et
HARA-KIRI... Et puis, il y a les films (au ciné, bien sûr, pas question alors de
vidéo, de DVD, d'internet ou de chaînes cablées !) : WOODSTOCK, EASY RIDER, LA
VALLÉE, MORE, ONE PLUS ONE, BLOW UP, SWEET MOVIE, THE LAST WALTZ ...
Aux images s'ajoutent les mots, leur indispensable complément. Je bois comme du
petit lait la prose habitée de Philippe Paringaux dans Rock'n'Folk (Bricoles),
celle que Philippe Garnier envoie de San Francisco ou Los Angeles, celle d'Yves
"Sweet Punk" Adrien, celle de Patrick Eudeline, de Paul et Marjorie
Alessandrini...
En effet, nous avons alors peu à nous mettre sous la dent, si l'on compare la
parcimonieuse "presse rock" de l'époque à la pléthore de magazines musicaux
disponibles aujourd'hui, tant en kiosque que sur le web...
Chaque mois, donc, nous lisons et relisons ces rubriques et chroniques au point
de les connaître quasi-par coeur ! Trente ans plus tard, les typographies des
titres de rubriques demeurent d'ailleurs très présentes à mon esprit : Cheap
Thrills, Erudit Rock, Trash, Presse-Livres, Bricoles, Bruits de l'Ombre, Faits
Divers, Bestop, Le Courrier de Peter Clafoutis, etc.... et les dessins de
LOUSTAL...
Ce sont les bouquins évoqués par les "rock-critics" que nous dévorons, casque
stéréo sur les oreilles, IGGY ou LOU REED en résidence prolongée sur la platine
tourne-disques : Kerouac, Ginsberg, Burroughs, Pélieu, Hedayat, Selby, Bukowski
etc...
Beat Generation, Flower Power, Pop Revolution : derrière ce grand flou
artistique, je perçois une "terre promise", un jardin d'Eden ... hélas
innaccessibles pour un adolescent nantais timide et trop rêveur !
Quand j'accorde un répit à mes disques vinyles, c'est pour me coller l'oreille
au transistor et ne rien rater des interventions d'Olivier Nanteau dans le POP
CLUB de José Arthur, ou de Blanc-Francart dans LOUP GAROU , ou de Bernard
Lenoir et son correspondant aux USA : Jean-François Vallée.
Oui, je suis un "enfant du rock", même si, en parallèle, j'ai toujours aimé,
joué et écouté du folk et de la musique traditionnelle. D'ailleurs, dans les
années 70, le folk se farde tout autant que le rock et s'affuble des même
oripeaux aux couleurs post-hippies. Nombreux sont les exemples, de l'Incredible
String Band à Donovan, de Steeleye Span à Malicorne...
Le "folk boom" des années 70 aura d'ailleurs sur moi un impact très fort. Ma
discothèque est des plus éclectiques et fait voisiner les Kinks et Planxty, MC5
et Alan Stivell, Creedence et Fairport Convention, Doors et Dick Annegarn...
Vous l'aurez compris : mes créations sont, en grande partie, directement issues
de cette iconographie pop-rock-folk accumulée dans les années effervescentes de
ma jeunesse !
Aux images directement liées à la musique, il faut ajouter celles offertes par
la publicité, la mode, le design de l'époque. Passionné d'images depuis
toujours et particulièrement féru de POP ART, j'aime alors en dépasser le cadre
stricto-sensu pour en explorer les "émanations" dans d'autres sphères : la déco,
l'architecture, les arts plastiques... J'ai toujours trouvé passionnante la
manière dont l'art (a fortiori le Pop Art) se nourrit des objets du quotidien
et, en même temps, induit des tendances dans leur conception même.
La revue OPUS offre, à cet égard, un regard pointu sur la création contemporaine
du moment. Elle me permettra d'élargir ma culture artistique, de découvrir les
"pop-artists" français (Monory, Rancillac, Fromanger...) ainsi que des gens
comme Klasen ou Buren.
Plusieurs couvertures d'OPUS sont signées ROMAN CIESLEWICZ, et un numéro spécial
lui est alors consacré. Je suis immédiatement très marqué par les travaux de ce
grand graphiste polonais. Sa démarche est, pour moi, très proche de celle d'un
pochoiriste. Sa façon de séparer le blanc du noir, de traiter les photos pour
en faire des "photo-graphismes" (c'est le terme qui me semble le plus éloquent)
m'a beaucoup influencé.
Et je ne peux que me retrouver dans les propos de Cieslewicz quand il dit :
Mon rêve c'était de faire des images publiques pour que le plus grand nombre de
gens puisse les voir. Alors pour moi l'affiche - l'image publique - s'imposait.
Elle me permettait d'être dans la rue...
Dans un style assez similaire, je suis particulièrement aiguillonné par les
images d'ALAIN LE QUERNEC, affichiste génial, dont je guette les productions
tout au long des années 70 et dont ne peux oublier la magnifique expo au
Château de Nantes (en 1980, il me semble). Lui aussi, à l'instar de Cieslewicz
ou de Jean Alessandrini, joue des "photo-graphismes" et typographies avec très
grand talent.
Et comment ne pas évoquer ici Evelyne Axell, décédée en 1972 à l'âge de 37 ans.
Hormis le fait qu'elle utilisait le plexiglass, les résines et la peinture
émail, cette namuroise, seule "pop-artist" belge ou presque, était
singulièrement proche du pochoir.
J'évoquais précédemment la presse musicale des années 70 et l'imagerie pop-rock
de cette période. Mais il serait plus juste de parler de la période 67 - 77. En
effet, l'année 77 marque un tournant décisif dans l'histoire du rock et, par la
même, dans la mienne !
1977 : j'ai vingt ans.
1977 : ras de marée punk à Londres et Paris, annoncé depuis quelques temps déjà
par quelques New-Yorkais fédérés autour du mythique club CBGB : RAMONES,
TELEVISION, TALKING HEADS, HEARTBREAKERS, PATTI SMITH... Quelque chose est en
train de changer, dont le magazine ROCK NEWS se fait écho à Paris.
Vu de Nantes, tout ça est bien flou, mais les choses se précipitent, les SEX
PISTOLS, CLASH, JAM, GENERATION X, BUZZCOCKS, SAINTS, STRANGLERS, DAMNED,
etc... déboulent et ......... rien ne sera plus jamais comme avant !
L'imagerie colorée et psychédélique aux fragrances san-franciscaines est soudain
balayée par un chaos en noir et blanc, par des lettrages et photos
anarchiquement empilées, compilées, déchirées, détournées...
Lors de séjours réguliers en Angleterre, je m'immerge dans cette punkitude ,
sans pour autant délaisser les folk-clubs ! Deux mondes radicalement opposés...
Je suis bouleversé par ces télescopages.
A Paris émerge une nouvelle scène, drivée par Patrick Eudeline, Ricky Darling,
Elli & Jacno, Vincent Palmer...
Eudeline écrit "L'aventure punk"
Fanzines et graphzines se multiplient....
Je me gave d'images : celles de BAZOOKA (Kiki & Loulou Picasso, T5 Dur,
Dominique Fury, Lulu Larsen, Olivia Clavel, Bernard Vidal, Jean Rouzaud ...) me
font l'effet d'un électrochoc.
En 18, dans UN REGARD MODERNE (édité par Libé), ils pratiqueront la punkitude
graphique absolue. Tout est mélangé, tout est désacralisé : photocopie, papiers
déchirés, dessins au crayon bic, collages, humour morbide, provocation...
J'aime aussi JEAN TEULÉ, qui jongle à sa façon entre dessin et
"photo-graphismes" (on y revient !), ainsi que ROMAIN SLOCOMBE.
Je suis indiciblement attiré par tout ça et mes dessins jusqu'alors plutôt
léchés et précis, à l'encre de chine ou au crayon, deviennent plus durs, plus
acides et plus "sauvages"...
Mais, en 1977, je joue encore du folk et j'ai du mal à me couper les cheveux !
Tout va un peu trop vite et j'ai du mal à suivre ! Je passe de mon groupe de
folk de l'époque (Malpeste) à mes besoins de décibels avec l'étrange sensation
de ne pas tout contrôler !
D'ailleurs, mes pulsions esthétiques ne seront plus alors que tiraillements,
court-circuits et grands-écarts entre Johnny Rotten et Oscar Wilde, entre Patti
Smith et John Renbourn !
Je passe l'année scolaire 78 / 79 en Irlande. Année magnifique ! A la fois bien
loin des agitations punks et pourtant en prise directe avec l'information. A
Dublin, ville musicale par excellence, de jeunes combos punkoïdes font la une :
BOOMTOWN RATS, STIFF LITTLE FINGERS (de Belfast), etc...
Dans Grafton Street, on croise autant de babas cool que de teddy boys ou de
punks à crête fluo ! Au Dandelion Market, se toisent des buskers qui jouent du
violon ou de la cornemuse et des clones de Brian Setzer...
Mais je passe beaucoup plus de temps dans les sessions de musique traditionnelle
de Dublin, Galway ou Doolin que dans les concerts rock !
Je trouve dans la musique irlandaise tout ce que le reste n'offre pas ! Une
session au Mc Gann's de Doolin après une longue marche le long des falaises de
Moher : j'ai la sensation de toucher le paradis du doigt, si loin des vitrines
urbaines, du monde du paraître et de la "société du spectacle"...
De l'autre côté de la frontière, en Ulster, républicains et loyalistes se tapent
dessus. En République d'Irlande, tout semble très calme et serein, mais la
douleur de cette blessure nord-irlandaise est pourtant palpable partout... Ma
conscience politique est alors assez limitée, mais je ne peux m'empêcher de
sourire au souvenir des discours stéréotypés de mes copains étudiants nantais,
mixant en une bouillabaisse pseudo-intellectuelle tous les poncifs
mao-trotsko-marxo-situ-révolutionaires ! Ici, au coeur de l'Irlande divisée,
tout devient tellement plus tangible !
Jamais je n'oublierai ces moments incroyables passés en Irlande tout au long de
cette année magique, au rythme de la musique traditionnelle. Je joue
aujourd'hui cette musique de l'âme avec la même ferveur qu'à l'époque : j'y
trouve tout ce que le rock, le blues peuvent aussi offrir, mais j'y trouve en
plus tout "le reste"...
A mon retour d'Irlande, il reste quelques mois avant le grand saut dans les
années 80 ! Je me coupe les cheveux, je troque ma parka baba contre un cuir,
mes Clarks contre des boots et mes disques de Mélusine contre ceux de Richard
Hell ! Je planque ma guitare acoustique dans un coin où elle restera des
années... (je ne me remettrai à la musique qu'en 88)
Les images qui m'interpellent alors restent directement liées à la musique :
pochettes de disques, magazines et affiches... Les fanzines sont légions et je
les collectionne tous ! Je suis un fan inconditionnel du groupe graphique
BAZOOKA qui entrelarde de dessins au vitriol les colonnes de Libération (rien à
voir avec le Libé d'aujourd'hui !), dont le supplément SANDWICH est un véritable
bouillon de contre-culture ! Évidemment, je lirai ACTUEL (nouvelle formule !),
puisque je suis un jeune homme moderne des années 80 !!!
En 79 / 80, je suis inscrit à la Sorbonne Nouvelle pour y préparer ma maîtrise
d'anglais (sur le mythe de Deirdre et ses traitements dans la littérature
anglo-irlandaise). Je passe donc un mercredi sur deux à Paris pour suivre les
cours.
Il va sans dire que j'en profite pour flâner vers les Halles et faire le plein
de disques et de fanzines à chaque fois ! Et puis, je traîne dans les lieux
branchés (Le PALACE, par exemple) où je suis tout content de croiser tantôt
Olivia Clavel, tantôt Alain Pacadis, Edwige ou Pierre Benain dont je lis les
aventures de night-clubbers dans FAÇADE et autres publications passablement
superficielles !
Cette année universitaire 78 / 80, c'est aussi de longues déambulations dans
Paris, à faire des photos, à écouter MOUNA haranguer la foule à Beaubourg, à
visiter des dizaines d'expos dans des galeries découvertes au hasard de mes
pérégrinations, à prendre la mesure du bouillonnement culturel de la capitale.
On parle dans SANDWICH (supplément hebdo à Libé) d'une galerie parisienne
spécialisée dans le COPY-ART (ou xérographie, ou électrographie) : la galerie
FORAIN, rue de Varenne. J'y vais.
Révélation ! ce que je m'amuse à faire sur les photocopieuses est une activité
déjà pratiquée par d'autres de façon très sérieuse ! On appelle ça le COPY-ART
et ça s'expose ! Génial ! Je suis conquis par l'expo de Nicole Metayer chez
Forain et je rentre à Nantes emballé !
Je trouve des jobs de gardien de nuit dans des entreprises nantaises et je
squatte les photocopieuses dans les bureaux ! Je me brûle les yeux pendant des
heures, visage plaqué sur la machine, copies de copies de copies, réductions et
agrandissements, compositions de matières sur la vitre du copieur, j'explore
toutes facettes de cet art "cheap" et "speed" que je trouve en totale
adéquation avec l'époque. En utilisant ces photocopieurs de façon illicite,
dans l'obscurité de la nuit, dans ces grands bureaux vides que je suis censé
surveiller, je goûte déjà au même "délice du délit" que celui ressenti plus
tard en commettant mes premiers pochoirs sur les murs des villes endormies...
Automne 1980 : Finies les virées parisiennes... Je suis inscrit en CAPES à
Nantes, Je donne des cours d'anglais en entreprise et je fais des remplacements
en collège
Je consacre une grande partie du temps qui me reste à la création : nombreux
dessins, photocopies directes, collages, peintures, collection de photomatons,
détournements d'images, triturages de polaroïds, recherches en
"photo-graphisme"...
Influence majeure : l'artiste nantais DANIEL BELLEC (alias Roger Dimanche).
Daniel utilise lui aussi des photo-matons qu'il projette à l'agrandisseur et
qu'il reproduit en grand format au stylo à bille ! Enfermé des nuits entières
dans la quasi-obscurité du labo photo, il enchaîne portrait sur portrait ! Il
fait la pochette du 45 tours du groupe MICKEYSTEIN. J'adore son boulot et je
lui "emboîte le pas" : j'utilise moi-aussi mes auto-portraits Photomaton pour
en faire des peintures / collages / dessins...
Je me rapproche de plus en plus du pochoir.
C'est encore plus flagrant si l'on observe l'affiche que je réalise pour le
groupe PRIVATE JOKE (d'anciens membres des groupes Marquis de Sade et Teenage
Lust) : je découpe une image dans un film rodhoïd rouge que je place sur un
fond jaune, à la façon d'un pochoir.
Nous sommes en 1981.
J'ai l'idée du pochoir en tête. Les chemises de CLASH et le pochoir
anti-nucléaire de Plogoff me trottent dans la cervelle. Mes travaux de
détourages, découpages, collages photo-graphiques m'ont permis de maîtriser la
technique du "cache"...
Reste à trouver l'occasion, l'opportunité, le bon moment et surtout le courage
du passage à l'acte. A Nantes, ville de province où je suis né ... C'est pas
évident...
Il faudra ce déménagement à Tours en 1982 pour que je découpe mon premier
pochoir.
En 82, je décroche le CAPES.
Ben mince alors ! Me voilà prof !
L'Éducation Nationale m'envoie à Vendôme faire mes premières armes d'enseignant
stagiaire. Je prends un petit appartement à Tours. Je ne connais personne, mais
je suis bien décidé à prévenir tout le monde que j'arrive ! Loin de me déprimer,
ce petit exil forcé me motive. Je n'ai rien à perdre à Tours, rien à craindre :
je suis anonyme, je suis nouveau, je suis neuf. Personne pour me juger. Je n'ai
pas d'a priori sur la ville, la ville n'en a pas sur moi. Ce que je n'osais pas
faire à Nantes parce que j'y connaissais trop de monde et que trop de monde m'y
connaissait, je peux le faire en toute liberté à Tours.
Je me sens aussi un peu "en sursit". Je ne suis plus dans la ville de mon
enfance, j'ai quitté le "giron"... mais je ne suis pas encore vraiment "adulte
installé".... Je vais devenir enseignant : ça me fait peur ! C'est un "vrai"
métier, ça implique sérieux, engagement, travail, responsabilités .... Angoisse
! Plus le droit de déconner !??? Vite, je dois réaliser mes dernières fantaisies
adolescentes avant de passer de l'autre côté de la barrière, avant d'entrer à
jamais dans ce monde que je refusais tant : celui des grandes personnes
raisonnables ! Et je me dis que si ces dernières "bêtises" sont "réussies", la
vie m'accordera peut-être un répit... Mieux : peut-être m'autorisera-t-elle à
rester un peu adolescent, un peu punk, un peu marginal, un peu irresponsable
jusqu'à la fin de mes jours !!!?
Bref, je veux donc dire aux tourangeaux que je suis là, que je fais des images
et que je veux les montrer. Mais pas question de distribuer ma carte de visite
dans les boîtes aux lettres des galeries d'art : trop long, trop classique,
trop étriqué...
Non, je dois "frapper" vite et fort afin d'être rapidement connu et reconnu par
tous dans cet endroit où je vais passer un an de ma vie. Pas de temps à
perdre... Ma carte de visite, c'est sur les murs de la ville que je vais la
balancer ! Ma propre image "pulvérisée" dans la ville à la bombe aérosol :
voilà qui devrait marquer et intriguer ! Et puis, ce sont les gens de la rue
que je vise, pas les huiles de la culture officielle.
De plus, il s'agira là d'un bon moyen d'affirmer mon besoin d'être un "sale
gosse", un garnement qui fait des choses interdites. Peut-être une revanche sur
mon éducation, sur un milieu familial plutôt aisé : au collège, j'ai souvent
regretté de ne pas appartenir à un milieu défavorisé ! Certains me traitaient
de "bourgeois" et j'aurais bien aimé être d'une famille ouvrière ! Il me
semblait que ça aurait légitimé mes envies de rébellion, mon amour du rock,
etc...
Un après-midi de l'automne 1982, je vais à la gare de Tours faire quelques
séries de portraits d'identité Photomaton. Je sélectionne une image choc (entre
le hurlement et l'éclat de rire) et je passe au copy-service pour en faire des
photocopies / agrandissements. Je file chez moi, dégotte un bout de carton, un
cutter, et commence à découper un pochoir à partir de cette image. Mon premier
pochoir ! Je fonce au supermarché pour acheter deux bombes de peinture : une
rouge et une noire.
Le soir même, je sors dans la nuit tourangelle, seul et dans un étrange état
d'excitation et de crainte mêlées. Il n'y avait aucun pochoir à cette époque,
aucun tag ni graf non plus (c'est arrivé un peu plus tard). Les seules traces
de bombes sur les murs consistaient en slogans politiques ou graffitis obscènes
sans intérêt esthétique. Cette sensation de déflorer la ville vierge, de faire
quelque chose de complètement neuf, original, inédit restera toujours dans mon
souvenir.
Je revois la scène comme si c'était hier. Il est environ deux ou trois heures de
matin dans le vieux Tours. Je suis seul et fébrile. Je bombe ma première image,
en noir, et je recule de trois pas pour voir l'effet produit : ça marche ! Je
suis soufflé du résultat et je remets ça une rue plus loin. Au troisième essai,
je me risque à mélanger le rouge et le noir : ça fonctionne. J'ai chopé le truc,
je ne fais plus de coulures. Et je continue toute la nuit. Je vide mes deux
bombes sur une dizaine de murs du centre-ville...
L'odeur de la peinture dans les narines, les doigts sales, le pochoir
dégoulinant, le son des billes de plomb au fond de la bombe qu'on agite, la
ville immobile et silencieuse, l'obscurité, le "délice du délit" et l'effet
produit par ces images "vite fait / bien fait".... Il est difficile de décrire
mes sentiments à ce moment précis, mais il est certain qu'en quelques minutes
je suis devenu "accro" !
De la solitude dans la ville endormie au coeur de la nuit naît une véritable
ivresse et une grande sensation de liberté. J'ai rarement ressenti cela lors
des "virées" à plusieurs.
J'ai aussi cette impression étrange et confuse que la ville m'est
reconnaissante. D'une certaine manière, nous sommes devenus complices elle et
moi...
Dès le lendemain, je repasse sur tous les lieux de mes forfaits. Je savoure une
deuxième fois le plaisir de la nuit. Je n'en reviens pas : c'est moi qui ai
fait ça ? Une indicible sensation de satisfaction et de ... puissance naît en
moi. Je reste persuadé qu'au delà des propos artistiques des pochoiristes et
peintres de rue, il y a aussi ce sentiment de mégalomanie, ce désir de
reconnaissance, ce cri de solitude, ce besoin d'exister, d'être...
Je regrette aujourd'hui de ne pas avoir pu prendre davantage de (bonnes) photos
de ces premiers travaux. Si d'aventure, certains d'entre vous possédaient des
clichés de ces pochoirs tourangeaux de 82, je serais ravi de les ajouter à mes
archives (ainsi que ceux de mes travaux à Bourges en 1983 / 84).
Bien entendu, les journées suivantes sont très largement consacrées à la découpe
de nouveaux pochoirs et les nuits à leur diffusion sur les murs de Tours : ce
portrait de femme tiré de la revue GUNNAR, au dessus duquel j'allais plus tard
ajouter mon slogan "vite fait / bien fait" (l'image et le slogan devinrent en
86 la couverture et le titre du premier bouquin sur les pochoirs, aux éditions
Alternatives), un autre portrait affublé d'une casquette très Flamin' Groovies,
des rats, fourmis et cafards... Et des textes empruntés à mes références
rock'n'roll : SLOW DEATH, SHAKE SOME ACTION, HEATWAVE IN TOURS, FUN, SNIFFIN'
PAINT, PAINT IT BLACK ...
J'ignore alors totalement qu'ailleurs en France, d'autres se livrent à la même
activité et font, comme moi, des pochoirs...
A Tours, donc, pendant toute cette année scolaire 82 / 83, je ne vois aucun
pochoir sur les murs de la ville autres que les miens. Je suis persuadé d'être
le seul à pratiquer ce type de peinture, alors qu'à Paris les murs se couvrent
déjà d'images pochées.
Très vite, je fais la connaissance du petit "milieu rock" de Tours dans lequel
je suis immédiatement intégré.
Eric Le Priellec, patron du bar rock L'Epis-Tête, me sollicite pour faire la
déco de son café. Je passe beaucoup de temps chez lui, où tous les musiciens de
la ville se retrouvent. Je suis également souvent à l'Amphi, où ont lieu les
meilleurs concerts, organisés par l'association Castafiore dont je rejoins les
rangs. J'aide à l'organisation, conçois les tracts de publicité, colle des
affiches, participe aux émissions de radios animées par les copains. Et tout ça
se termine généralement au Baldakan de Roche-Corbon, rock-club de légende !
Nous créons des fanzines (Surf Up, Kakou) avec des copains qui feront leur
chemin : Jean-Daniel Beauvallet (devenu "boss" des Inrockuptibles), Olivier Bas
(label de disques "Island"), Thierry Chassagne (Sony Music), Hervé Bourit (Radio
Béton, puis Radio France Tours)...
Je participe à l'expo DIN 21 X 29,7 à la Galerie des Tanneurs de Tours.
Je participe à plusieurs fanzines. Je fais des affiches.
Puis, je fais la connaissance de MINO, du groupe RATICIDE, qui me fait
participer à plusieurs expos et évènements à Poitiers et Bordeaux (festival
BOULEVARD DU ROCK, ROCK PANIK, etc...).
Etc, etc...
Bref, cette "carte de visite" balancée sur les murs de Tours aura eu l'effet
escompté...
En fait, lorsque j'ai fait mon premier pochoir en 1982, je n'en avais jamais vu
dans la rue auparavant, si ce n'est ce petit logo anti-nucléaire en 80 et les
chemises des CLASH en 77-78. J'avais aussi observé avec attention les
inscriptions au pochoir sur les camions, wagons de chemin de fer, véhicules
militaires, enrouleurs de câbles de chantiers ou panneaux signalétiques.
Je ne découvre l'existence des pochoirs parisiens qu'en février 1984, non pas en
allant à Paris (je ne m'y rends alors jamais) mais en lisant un article de
John-Paul Lepers dans l'ECHO DES SAVANES (N° 16, nouvelle série, fev 84),
intitulé "Le Sens des Traces", qui mentionne : MIX MIX, ZLOTY, BANLIEUE
BANLIEUE, MESNAGER, X MOULINEX (SPEEDY GRAPHITO & CAPTAIN FLUO), etc... De
nombreuses photos illustrent le reportage.
Je reste interloqué ! C'est incroyable que nous soyons tant à avoir eu cette
même idée en même temps ! Découper des pochoirs et bomber des images...
Bizarrement, Blek, artiste réputé pour être le premier à avoir fait des pochoirs
à Paris, n'est pas mentionné dans cet article. Je sais qu'il fut le
"déclencheur" pour beaucoup de pochoiristes parisiens, mais ça n'est pas mon
cas. C'est plus tard que j'ai découvert ses images et appris qu'il avait
démarré dès 1981.
La toute première rencontre avec d'autres pochoiristes se fera à Bourges, où
j'habite pendant un an après mon année à Tours. En effet, je suis nommé au
collège de Dun-sur-Auron pour l'année scolaire 83 / 84.
A Bourges, quelques semaines après mon arrivée, je découvre un matin une série
de pochoirs sur le thème du roman noir et du film policier : revolvers,
gangsters... assortis du titre : POLAR IN THE STREET. Chaque mur est numéroté
et un petit plan de la ville est collé près du pochoir, indiquant où se trouve
"l'épisode" suivant. Je cherche illico à découvrir les auteurs. Et je fais
bientôt la connaissance de Karine et Frédérique, étudiantes aux Beaux Arts et
responsables de ce "Polar in the Street"...
(Mes rencontres avec les pochoiristes parisiens sont évoquées dans le "chapitre"
suivant : années 80)
À Bourges, avec Karine et Frédérique, nous investissons un grand terrain de
démolition que nous baptisons "Galerie à suivre" et où nous peignons "par
épisodes".
La presse locale nous consacre plusieurs articles, points de départ pour
davantage de sollicitations "officielles"
Le pochoir ne m'empêche pas de poursuivre mes investigations dans le domaine du
copy-art, et je fais une première expo personnelle d'électrographies chez Rank
Xerox, à Bourges.
Les propositions se succèdent tout au long de l'année, et les expos, décos,
performances, articles de presse, émissions radio se multiplient... (voir CV)
Je fais ne nombreuses "sorties pochoirs" dans les rues de Bouges, Tours, Nantes,
Orléans et même Lyon (où ma copine fait des études), mais je n'ai toujours pas
sévi à Paris.
Je suis toujours autant mordu de musique, moins de folk ou de punk rock que de
ce qu'il est convenu de nommer le "real rawckanrawl" qui puise ses sources dans
les garage bands et combos psychédéliques des années 60. Je suis fan des Real
Kids, des Barracudas ... En France, je suis de près les Dogs, les Coronados...
Un fanzine, "Nineteen", fédère les fondus français de ce type de musique. Je
suis également abonné à moult magazines anglo-saxons, comme Bucketful of
Brains, Bomp ou Shadows & Reflections...
Septembre 1984 : Je suis nommé prof titulaire au collège de Wingles
(Pas-de-Calais) !
Je me trouve un appartement à Lille et je déménage à nouveau. Derechef, il me
faut "faire mon trou" dans cette ville qui m'est inconnue et où je suis
inconnu. Mais, cette fois, je commence à avoir un bon press-book sous le bras,
et je peux très vite être exposé ici et là.
Cette année scolaire 84 / 85 sera marquante à de nombreux points de vues. Elle
marque un nouveau départ, dans une nouvelle ville, et le "vrai" démarrage de ma
carrière d'enseignant. De plus, elle sera riche en étapes décisives dans mon
cheminement de plasticien. Et c'est en 85 que je vais rencontrer celle qui
deviendra ma femme : Yveline.
Je participe à plusieurs expos et évènement et tisse très vite des relations
amicales à Lille. Je laisse de très nombreuses traces sur les murs de la ville.
C'est aussi à l'automne 84 que Michel Bosseau, un ami tourangeau monté à la
capitale pour y bosser, me suggère de venir faire un tour à Paris où, me
dit-il, "ça bouge !" . Je m'exécute et descends passer un week-end à Paname où
Michel me montre les pochoirs qu'il a repérés ici ou là. Je vois enfin les
images de MixMix, de Speedy, de Zloty ou de Mesnager que je ne connaissais que
par le biais des articles d'Actuel, de L'Écho des Savanes ou de Zoulou. Je
découvre aussi les pochoirs de Blek et de Miss Tic. Michel a fait par hasard la
connaissance d'Etienne Lelong, alias EPSYLON POINT. Il me le présente. Et, bien
sûr, je pulvérise un peu de peinture sur les murs de la capitale, afin
d'ajouter ma trace à celles des autres.
Ce sont aussi les années où je traîne avec Michel du côté d'Exodisc, où bosse
Laurence Romance (nordiste ex-chanteuse de l'éphémère groupe Radio Romance),
qui après avoir vécu à Lille avec mon pote Jean-Louis est maintenant à Paris
avec Patrick Eudeline. Je revois Patrick composant des symphonies au bistrot
d'à côté, en attendant Laurence ! Nous traînons aussi beaucoup au Cythéa, au
Rex-Club, aux concerts "Paris Bar Rock" ... Nous mangeons du mafé à 3 francs
aux cantines black du 20ème, avec, entre autres, notre pote Eric Larnoy, hélas
parti trop tôt...
Début 85, le journal ACTUEL sort un numéro hors-série intitulé ALMANACH
BANLIEUE. La page 203 est consacrée au groupe de "peintres sauvages" BANLIEUE
BANLIEUE. On y annonce une grande rencontre de fresquistes organisée en juin à
Bondy par deux autres groupes de peintres : VLP (Vive La Peinture) et LES
GLOBOS. Il y a un contact téléphonique en fin d'article : j'appelle !
C'est ainsi qu'en juin 1985 je participe à la première grande rencontre de
fresquistes, graffitistes, pochoiristes et peintres sauvages, le long du Canal
de L'Ourcq, à Bondy. J'y retrouve EPSYLON POINT, j'y fais la connaissance de
SPEEDY GRAPHITO, de BLEK, de NUKLE-ART (Etherno, Kriki, Kim Prisu), de VLP,
etc...
Ensuite, tout s'enchaîne très vite : festivals (FRONTIERES, JOURNEES DE L'IMAGE,
REBELLES AUX BOIS DORMANT, etc...), expos, tournage pour une chaîne de TV
japonaise (!), etc...
Automne 85 : bombages à Soho (Londres)
Une nuit d'octobre 85, je bombe à Paris, quartier des Halles, accompagné par mon
pote Michel. J'entends le bruit familier des billes de plomb au fond d'une bombe
aérosol ... Je me retourne : deux types font la même chose que nous ! Le grand a
des pochoirs sous le bras, le petit une bombe de peinture dans chaque poche. Il
s'agit de VR et de MOI (c'est sa signature !)
Nombreuses furent les rencontres provoquées par les pochoirs, réelles ou par
images interposées. J'ai, par exemple, plusieurs fois "dialogué" avec MARIE
ROUFFET ou DOCTEUR TABLE avant de faire leur connaissance "de visu".
L'opération RUÉE VERS L'ART, organisée par le Ministère de la Culture à
l'occasion du "Mois des Musées" (novembre 1985) nous fournit l'occasion de tous
nous retrouver à nouveau Rue St Claude, à Paris, deux week-ends de suite. Il y a
l'expo "officielle", à l'intérieur de la Galerie St Claude, et le "off" devant
le lieu et dans les rues adjacentes. Il y a là Speedy, Blek, VR, Epsylon,
Mesnager, et bien d'autres...
Les media parlent beaucoup de nous, l'engouement pour les "media-peintres" et
les graffiteurs croît de jour en jour... Nous sommes de plus en plus sollicités
pour des expos, happenings ou autres évènements "branchés"... Le graffiti art
est dans l'air du temps !
Un coup de fil d'une certaine Marie-Pierre Massé : "J'ai fait des photos de vos
pochoirs à Bourges, j'en ai photographié d'autres à Paris, je veux faire un
bouquin sur les pochoirs, il y aurait deux pages sur vous à l'intérieur, et
êtes-vous d'accord pour que votre slogan "Vite Fait , Bien Fait" donne son
titre à l'ouvrage et que le portrait de femme qui va avec fasse l'image de
couverture ?" Ma réponse : "Euh ! Ben oui !"
VITE FAIT, BIEN FAIT sort aux Éditions Alternatives en mars 1986. AGNÈS B.
participe au financement du livre et organise une grande expo / performance
dans sa GALERIE DU JOUR, rue du Jour, à Paris. Pendant une semaine, nous nous
succédons pour des performances quotidiennes : VR, ZEN, BLEK, EPSYLON, ETHERNO,
MIDNIGHT HEROES, etc...
La sortie du bouquin et l'expo chez Agnès B. sont largement couverts par les
médias. Nous nous retrouvons pour plusieurs tournages de vidéos et reportages
TV.
En avril 86, le festival ÉMOTIONS de St Quentin nous rassemble tous une nouvelle
fois. (cf CV)
S'ensuivent toute une série de ventes aux enchères à Drouot, organisées par des
commissaires priseurs au nez fin qui sentent que la "jeune peinture" et les
"artistes de la rue" ont le vent en poupe. Maîtres Binoche et Godeau lancent ce
type de vente, vite relayés par Maître Rogeon et son associé Dominique Stal.
En novembre 86, j'accroche mes toiles au Lance-Roquette, restaurant situé rue de
la Roquette (Paris Bastille), face au célèbre bar branché "chez Fifi"... Au
vernissage viennent des copains musiciens : il y a Manu Chao (dont j'avais
bombé les étuis de guitare !), les frères Tandy, Antoine (des Dogs) avant qu'il
ne devienne Tony Truant... Dès le lendemain, autre vernissage perso à Village
Photo où j'expose ma collection de photomatons et mes électrographies. Au
vernissage, le groupe French Lovers vient faire un mini-concert. Deux expos
perso simultanées dans la capitale : je suis hyper content !
C'est une période très excitante. De la rue, nous sommes soudain propulsés aux
cimaises des galeries et dans les catalogues de ventes prestigieuses.
Régulièrement, nous nous retrouvons pour peindre ensemble dans des festivals ou
évènements similaires, à la manière d'un groupe de rock en tournée...
Tout ça ne nous donne pas la grosse tête, mais il est indéniable que ça "assoit"
notre statut d'artistes. Notre cote est dans le Akoun, nos oeuvres se vendent,
nous ne sommes pas des voyous mais bel et bien des peintres, dont le propos est
plus plastique qu'anarchiste !
Plus ou moins confusément, nous avons conscience de tracer les contours d'une
nouvelle tendance, de donner naissance sinon à un mouvement au moins à une
mouvance au sein de l'expression plastique d'aujourd'hui, peut-être même
sommes-nous en train d'écrire une nouvelle page de l'histoire de l'art
contemporain !
Heureusement, une majorité d'entre nous cultive le fun, la distance et une
certaine auto-dérision qui nous empêchent de trop privilégier le sérieux ou
l'intellectualisme au plaisir et à la bonne humeur.
Certes satisfaits d'entrer dans le "marché de l'art", nous n'en sommes pas dupes
pour autant. Après tout, si nous avons choisi de peindre dans la rue, ça n'est
pas par hasard ! Il est évident que pour bon nombre de "professionnels" du
marché de l'art, nous ne sommes qu'un nouveau produit à la mode, branché, et
qui peut rapporter...
Il est probable que certains pochoiristes ne fassent que "surfer" sur la vague
"mode", mais j'espère faire plutôt partie de ceux qui, soucieux d'une
cohérence artistique, essaient d'aller plus loin dans leur approche plastique
de la ville.
Nos oeuvres se nourrissent finalement moins de l'air du temps que l'air du temps
ne s'en gave !
En ce sens, je me sens proche de Miss Tic, Paella Chimicos, Jerôme Mesnager,
Blek, Speedy Graphito ou Marie Rouffet, artistes pour lesquels j'ai beaucoup
d'estime. Je me retrouve dans leur goût du travail bien fait et dans leur
constance de style.
Dépassant l'anecdotique, le simple jeu ou l'unique provocation, il me semble
que nos travaux s'inscrivent dans un travail sur l'urbanité et une véritable
réflexion sur les enjeux de "l'art public".
En ce sens, la technique de chacun importe finalement assez peu. L'homme blanc
de Mesnager, les sérigraphies collées de Paella, les aphorismes de Miss Tic ou
les affiches détournées de Costa procèdent de la même démarche.
En 1987 et 88, me sont données les occasions d'exposer aux USA, en Allemagne,
Belgique, Luxembourg... Ce sont des années très denses : difficile de tout
raconter...
Je me remets sérieusement à la musique. Naissance du groupe WINDCATCHERS.
En 1989, ventes, expos et voyages se poursuivent.
Les années 80 s'achèvent. Elles auront été sacrément bien remplies !
Et puis 1989, c'est surtout l'année de naissance de mon fils Gaël !
Un jour, je ne sais plus trop bien quand, je découpe une flèche que je bombe en
rouge.
A partir de 1989, je la bombe de plus en plus souvent.
Cette flèche me plait. Je la décline dans toutes les dimensions et finit par
l'utiliser presque systématiquement.
Elle devient ma seconde signature, la "marque de fabrique" de mes travaux.
C'est à la fois un clin d'oeil à la signalétique urbaine et un élément
graphique fort, qui me permet de structurer mes compositions.
Et je ne compte plus les fois où on m'a demandé : "mais, cette flèche rouge, ça
veut dire quoi ??? " :-))
Quant à mon pseudonyme, il est venu par hasard !
Pour l'État Civil, je me prénomme Jean-François. Au lycée et à la fac, je suis
vite devenu J.F. puis Jef.
Mes premiers pochoirs étaient simplement signés JEF.
Parmi les mots qui accompagnaient mes portraits, il y avait des slogans en
anglais, mais aussi quelques termes français : CLICHÉ, VITE FAIT-BIEN FAIT,
IDENTITÉ PULVÉRISÉE, QUATRE POSES, etc... Il y avait également AÉROSOL.
Ma signature (JEF) et ce mot (AÉROSOL) se retrouvèrent un jour aléatoirement
côte à côte sur un mur que je venais de peindre : j'avais trouvé mon nom
d'artiste !
D'emblée, c'est le portrait qui s'est imposé. Sur les centaines de pochoirs que
j'ai découpés, seuls quelques uns ne représentent pas des gens. Presque toute
mes images montrent des personnages, des visages, des portraits, des regards,
des attitudes... Je privilégie l'être humain à l'objet.
Ces personnages que je peins et qui "regardent" la ville sont autant de "témoins
silencieux" qui peuvent voir la rue et communiquer avec les passants quand je ne
suis plus là.
Chaque regard d'un quidam sur un de mes pochoirs est un "retour", un "feed
back".
Je pratique souvent l'auto-portrait (mon importante collection de photo-matons
fut une source inépuisable), ce qui m'a fatalement valu d'être taxé de
mégalomane narcissique!
Le fait de me représenter en autant d'exemplaires sur les murs des cités n'est
pas tant un signe d'exhibitionnisme exacerbé qu'un réel besoin de
communication. La reproductibilité de ma propre image grâce au pochoir me
confère une ubiquité formidable. Par mur interposé, je me livre aux gens, je me
fond dans le décor, je m'intègre au tissu urbain, je dialogue avec la ville et
ses habitants...
Sinon, je trouve l'inspiration au hasard des pages des journaux et magazines,
sur les affiches ,les pochettes de disques, dans mes albums de photos
personnelles, dans mes carnets de voyages, mes cartons à dessin, mes livres
d'art, mes "boîtes à idées", ma matière grise en permanente ébullition...
Les personnages représentés ont souvent un rapport avec mes passions : musique,
peinture, cinéma, littérature...
Parmi les nombreux personnages que j'ai peints, on peut citer :
musiciens : Bob Dylan, Donovan, Marc Bolan, Syd Barrett, Keith Richard, Brian
Jones, John Lennon, Iggy Pop, Velvet Underground, Flamin' Groovies, Ian Dury,
Elvis Costello, Elvis Presley, Graham Parker, Lene lovitch, Patti Smith, Mike
Scott, Johnny Thunders, Eddy Cochran, Buddy Holly, Little Richard, Screamin'
Jay Hawkins, Muddy Waters, Hound Dog Taylor, Bessie Smith, Ray Charles, Louis
Armstrong, Jimi Hendrix, Beatles, Stones, Wilko Johnson, Lizzy Mercier, JanJil
Callas, Flamingos, Gainsbourg, Françoise Hardy, Doc Watson, Joseph Cormier,
Kevin Burke, Joe Cocker, Sam Cooke, Eric Clapton, Bruce Springsteen, Sonics,
Remains, Kevin Ayers, Memphis Slim, John Cooper-Clarke, etc....
autres : Vanessa Redgrave, Arthur Rimbaud, Andy Warhol, Martin Luther King,
Gandhi, Zelda Fitzgerald, Claude Levi-Strauss, Gene Kelly, Dracula, J.P.
Sartre, Jack Kerouac, Le Mime Marceau, Alfred Hitchcock, Charlie Chaplin,
Laurence Romance, Yves Saint Laurent, François Truffaut, Frankenstein,
Einstein, etc...
Mais il y a aussi les inconnus, les anonymes : cet enfant népalais, ce petit
black au regard triste, cet accordéoniste roumain qui fait la manche, ce type
en train de courir, cette fille aux yeux trop fardés, ce vieil irlandais joueur
de cornemuse, cette femme sans-abri avec son fils dans les bras, ce Bobby
anglais, etc...
Un geste, une expression, une attitude... Je capte ce qui m'émeut pour tenter de
partager l'émotion avec ceux qui verront mes images.
Certaines images marque un engagement net : sans-abris, personnalités pacifistes
telles que Luther King, Gandhi ou Lennon. Mais mon travail n'est politique que
dans le sens strictement étymologique du terme.
D'ailleurs, aucune de mes images n'est "directement" interprétable. Les niveaux
de lecture sont multiples et je refuse de jouer les "donneurs de leçons". Il
m'importe cependant d'exprimer certaines choses, à défaut de pouvoir apporter
des solutions.
A mon sens, l'art n'est pas là pour endormir, distraire ou faire oublier. Au
contraire, il incombe à l'artiste de rappeler ce qui ne va pas.
Ainsi, sans prétendre délivrer de grands messages, mes inquiétudes et
préoccupations transparaissent fatalement dans mes travaux. Les mots qui
accompagnent mes images ont ce pouvoir d'évoquer, plus entre les lignes que de
façon nette, mes questionnements et prises de position.
Souvent, chaque image est peinte quatre fois, à la façon des séries de
photomatons, sur lesquelles j'ai beaucoup travaillé. Ces répétitions témoignent
de l'influence de Warhol, mais aussi celle de photographes comme Duane Michals
dont les suites/séries/séquences m'ont toujours séduit.
Parfois, je procède à de véritables accumulations et entassements d'une même
image. Les portraits ainsi amoncelés en perdent leur humanité et s'apparentent
alors à des objets stockés, à la façon des marchandises empilées dans les
rayons des supermarchés.
Parlant de supermarché, j'ai aussi découpé ce pochoir d'un caddie grandeur
nature, souvent peint en accumulation. Cet objet, tout comme le solex que j'ai
également représenté, est l'un des objets-symboles de notre époque.
Le chariot de supermarché, peint sur un mur, met le spectateur face à lui-même.
Cet objet du quotidien, devenu si familier, devient monstrueux et obscène. Si
je fais courir une colonie de rats sur une accumulation de caddies, je suggère
les excès de notre société consumériste. Si, de surcroît, je place non loin de
là cette maman sans-abri et son fils affamé, il est clair que je "dis quelque
chose".
Mais un grand nombre de mes images n'ont d'autre intention qu'une émotion
esthétique ou poétique. L'humour et la dérision sont également souvent présents
dans mes travaux.
Parmi les objets que j'ai découpés au fil des années, il y a : des ciseaux, un
cintre, du fil de fer barbelé, une pince à linge, une chaîne, une paire de
boots, un téléphone, un revolver, une fleur, un bus, une clef, une banane, une
horloge, une machine à écrire, etc...
Mais les objets ne prennent généralement un sens qu'en fonction de leur place
dans une composition, souvent en compagnie de personnages et de textes.
Dès 82, j'ai aussi souvent bombé des bestioles : rats, chauve-souris, cafards,
araignées, fourmis, chats et poules...
Mes images sont presque toujours accompagnées de textes, soit en anglais, soit
en français. Ces mots sont parfois simples, parfois elliptiques, voire
obscurs... Ils ne sont pas prévus pour être "compris" de la même façon par
tous. Certains textes liés à des musiciens ou titres de chansons seront
"captés" par certains et interprétés différemment par d'autres. Les références
"pointues" ne doivent pas être considérées comme "élitistes", elles ne font
qu'exprimer mes centres d'intérêt et ont aussi valeur esthétique : j'aime les
lettres, les typographies, les jeux images/texte, même si le texte n'est pas
directement "lisible"...
Certains de mes textes :
en anglais : shake some action, paint it black, spray a smile, spray it loud,
fun, jumpin' in the night, back in the night, slow death, give peace a chance,
sniffin' paint, sticky fingers, shake up, blue turns to grey, white trash,
don't be cruel, cheap thrills, rave on, another girl / another planet, too much
too soon, etc...
en français : cliché, Jef n'en rate pas une, vite fait-bien fait, quatre poses,
art dare-dare, souriez, clic-clac, brrrrr , identité pulvérisée, attention rat
d'art, couleurs sur Paris, couleurs sur Nantes (etc...), image vide-regard
creux, image, vite, etc....
Je découpe en ce moment une longue série de mots uniques, légendes laconiques de
mes peintures : look, listen, feel, speak, dream, try, smile, wake up, slow,
communicate, shout, react, act, stand up, start, stop, now, future?, money?,
home, freedom, love, peace, where?, when?, who?, why?, how?, what?, sadness,
hope, despair, life, happiness? etc, etc...
Bien qu'ayant beaucoup donné dans la couleur et dans la palette "pop sixties
acidulée", j'affectionne particulièrement le noir, le blanc et le rouge.
Mes premiers pochoirs, en 82, n'étaient que noir et rouge. Ce sont toujours mes
couleurs de prédilections.
Je découpe au cutter ordinaire dans du carton plus ou moins épais selon la
difficulté de la découpe et la solidité que je souhaite donner au pochoir.
J'utilise de temps en temps une technique qui permet d'obtenir des effets
particuliers : il s'agit du "bougé" de main gauche (celle qui tient le pochoir
pendant que la main droite pulvérise la peinture). De cette manière, en tirant
le pochoir au fur et à mesure que je bombe, je peux modifier le motif, déformer
l'image, distordre un portrait par exemple.
Ce système est né de ma volonté de reproduire au pochoir ce que je faisais en
copy-art sur la vitre du photocopieur : je déplaçais l'objet, la matière à
copier ou mon visage pendant que le tube lumineux du copieur balayait la vitre.
Les élongations, torsions, flous qui en résultaient étaient très intéressants.
1990 : vitesse de croisière... ventes, expos, performances, concerts,
enregistrements...
Et les années 90 passent, rythmées par la peinture, la musique de mes différents
groupes, en particulier le duo OPEN ROAD (voir le site : Open Road ), ma vie de
famille (ma fille Morgane naît en 94), les expos, les voyages (San Francisco,
New-york...), etc... (voir CV)
An 2000 ! La Mairie de Lille me commande une peinture pour l'affiche des voeux
du Maire, Pierre Mauroy. Je suis également chargé de la conception de la carte
de voeux, de l'enveloppe et mon image est tirée en lithographie
signées-numérotées offertes à tous les élus invités à la cérémonie des voeux et
d'inauguration du Beffroi rénové.
Le début des années 2000 est particulièrement occupé par mes activités musicales
au sein du groupe DISTANT SHORES (musique traditionnelle irlandaise) avec lequel
nous tournons en Irlande, à Singapour, à Chicago, en Hollande... (voir le site
Distant Shores)
Ma pratique du pochoir est à l'origine de multiples rencontres, y compris ma
rencontre avec moi-même ! J'irai même jusqu'à dire qu'elle a donné un sens à ma
vie.
En dehors des anecdotes et aventures accumulées depuis 82, l'expérience la plus
remarquable liée à cette pratique est certainement la prise de conscience de ce
"démon" de la création qui ne me laisse que peu de répit.
Les étapes successives de cette "aventure pochoir" ont suivi, parfois précédé,
voire influencé ou même guidé mon évolution personnelle et la trajectoire de ma
vie. Elles m'ont permis de rencontrer beaucoup de gens formidables, elles m'ont
fait bouger (dans l'espace et dans ma tête), elles ont été sources de grandes
émotions et de sensations fortes. Elles m'ont conforté dans l'idée que tout est
lié : musique, peinture, relations humaines, style de vie...
L'aventure pochoir m'a permis d'assumer mon "statut d'artiste", elle a assouvi
mon besoin d'une certaine reconnaissance publique, elle a flatté mon ego puis
l'a remis à sa place, elle m'a apporté humilité et sérénité.
Le fait de travailler dans la rue avec des bombes de peinture maintient en prise
directe avec la "vraie vie", les gens, le bruit et la fureur urbaine, la réalité
sociale, la foule anonyme qui font l'existence tangible de la cité. Le travail
sur la ville remet les pieds sur terre, en contact concret avec le palpable de
l'existence.
Je retrouve les mêmes éléments dans mes activités d'enseignant et de musicien :
le contact, l'échange, la communication, le partage.
C'est pour moi une vraie source de bonheur que de pouvoir partager images,
musique ou connaissances.
Selon la formule consacrée, sans eux "rien n'aurait été possible" :
mes parents Jean et Françoise
Mon frère Xavier et ma soeur Anne
Ma femme Yveline et mes enfants Gaël et Morgane
Toute la famille d'Yveline
Tous les ami(e)s et ceux qui de près ou de plus loin ont partagé mon aventure
"pochoir", et en particulier : Michel Bosseau, Jean-louis Schell, Pierre-Henri
Damour, Bern Boyle, Jean-François Correia, Eric LePriellec, Hervé Bourit, Mino,
Hervé "Achème" Moisan, Cali, Bruno Cheynier, Thomas Buffin, Caroline David,
Patrick Meunier, Gilbert Perlein, Frédé Delbarre, Béatrice Paris, Zaz Gruss,
Guilaine Jeffrin, Sonia K, Hanin Nocera, Emmanuel Vinchon, Jean-Pascal Reux,
l'ABEJ, Aides, Fanny Bouyagui et Thierry Catteaux, Brad et Saty, Manu Barron,
Sarah Rosenberg, Olivier et Laurent Tricart, Thierry "Dicule" Six, Luc
Hossepied, Bruno Dewaele, Yves Decroix, Roger Vico, Thierry Chassagne, Olivier
Bas, Claude Vadasz, Dimitri Wazemski, Lina Cardon, Agnès B. , Viviane Bernay,
Béatrice Catinat, Yann Collette, Joaquim Parra, Alain of ze Carré des Halles,
Fabien Camuset, Luigi Checozzo, Laurent et Bertrand Blaha, Paul Galland, Manu
Chao, Francine Lenne & Emmaüs, Laure Chailloux, Albert Leblanc, Minh Nguyen
Trong, Jean Mathiaut, Daniel Mallerin, Christian Rigal, Geneviève Sevrin &
Amnesty International, Dominique Stal, Jean-Mi & Phil "Vinylium", Olivier
Pascual, Francie et Michel Ruez, Henri Thuaud, Daniel Cresson...
Tous les amis artistes, et en particulier : Docteur Table, Epsylon Point, La
Signe, Miss Tic, VR, Speedy Graphito, Jérôme Mesnager, Paella, KokoRiton,
Asmodée, Nice Art, Na, Zen, Edmond Marie Rouffet, Eric Larnoy, Fred Baudouin,
Wanda Sikora, Pascal Barbe, Eric Monbel, Sofi Arto, P. Hollevout, Kriki,
Etherno, Kim Prisu, Blek, Unicut, Midnight Heroes, Tabot Velud, El Rotringo,
Captain Nico & Alain Boudaïa, Saim sidi Ali, Jacques et Angèle Mayeux,
Flamingos, Jacqueline Hurdebourcq, Rémi Paggart, Isa et Doc Pilot de X Ray Pop,
Nicolas Cruel, Alice Botté, Jocelin, Baudouin Luquet, Pierre Barraca, Mad
Bomber, Lulu Larsen, Daniel Bau Geste, Olivier Otteni, Antoine Plumecocq,
Damien Deltour, David Carrandier, Daniel Bellec, Philippe Hot Bip Laurent,
Nicolas La Casinière ...
Les journalistes, auteurs, photographes et cinéastes / vidéastes qui ont
immortalisé nos images, et plus particulièrement : Jean-Marie Lerat,
Marie-Pierre Massé, Josiane Pinet, Nicolas Deville, Olivier Roch; Christoph
Maisenbacher, Jacques Renard et Sophie Goupil, Dominique Haubois, Jérôme
Robinet, Eric Rigollaud, Sybille Metze-Prou, Eric Maisy, Jean Christophe
Dallery, Jean-Christophe Raczy, Evelyne Thomas, Jacques Taquet, l'ESJ de Lille,
Jean-Marc Leligny, Didier Cocatrix, Kunio Shibata, Michel Giorgis, Nicolas
Falez, Renaud Faroux, Jean-Pierre Duplan, Pierre Michel...
Toute l'équipe de Stencil Project, Michel et Samantha de Paris-Pochoir...
Et que tous ceux que j'oublie veuillent bien m'excuser...
.... et maintenant :
2004 : Lille est la "Capitale Européenne de la Culture". Je participe à une
belle et grande expo à la Mairie de Lille : HUMOUR & ART, montée par le
plasticien Yves Decroix.
Toujours dans le cadre de "Lille 2004", j'expose pour LES FENÊTRES QUI PARLENT.
C'est une idée géniale : dans de nombreux quartiers de Lille et banlieue, les
habitants "prêtent" leurs fenêtres aux plasticiens.
Je suis ravi de constater que les pochoirs reviennent sur le devant de la scène
! De très nombreux sites et ouvrages leur ont été récemment consacrés et le
mouvement ne se limite plus à la France, comme c'était le cas dans les années
80. Partout, aux USA, en Angleterre, en Italie, en Espagne ou en Pologne, des
pochoiristes de talent découpent inlassablement ces cartons au travers desquels
ils pulvérisent de la peinture en bombe sur les murs de leurs cités...
En tant que "pochoiriste de la première génération", je suis particulièrement
heureux que le "pochoirisme" ne se soit pas éteint.
La première manifestation internationale de STENCIL PROJECT, à laquelle j'ai été
content de participer en juin 2004, atteste de la vivacité de ce mouvement. J'y
ai retrouvé de "vieux" copains (Epsylon Point, VR, Paella, La Signe, Nice Art,
Blek, Speedy Graphito, Jerôme Mesnager, VLP...) et j'ai eu la joie de faire la
connaissance de pochoiristes plus récents, comme les Mosko, Artiste Ouvrier,
Poch, DDDuyat, Shhh, Pure Evil, Spliff Gachette...
En 2005, deux belles manifestations voient le jour : "Section Urbaine" et "Dites
33". Le mieux est d'aller visiter les pages qui leur sont consacrées :
Dites 33
Section Urbaine
Les projets sont nombreux pour les mois et années à venir ! Visitez
régulièrement les pages "news " et "CV" !
JEF AEROSOL
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